Robert Doisneau prend sa première photo dans le quartier des
Halles en 1933. Il restera fidèle au quartier pendant 40 ans, revenant sans
cesse visiter ce lieu, prendre son pouls, fixer sur le négatif les évolutions
et les nouveautés.
Dans les années 1960, les Halles sont menacées, et Robert
Doisneau, inquiet et en colère, entreprend de tout voir, tout vivre, tout
photographier. Son regard, à la fois esthétique et sociologique, se fait
patrimonial.
Son amour pour les « petites gens » le rendait si merveilleux, que tout cela faisait de lui ce monstre d’humanité, tant apprécié, aimé.
Du talent, un vrai regard sur la vie.
Sur les
toutes petites choses de la vie, si essentielles, qui font que l’on
existe.
Oui oui tout cela est vrai, si vrai. Tant de simplicité dans le regard, de générosité.
Mais alors quel est le sujet ?
Les Halles bien sûr ! Ses Halles. Sujet de l’expo. Nous y sommes.
Doisneau a célébré ce quartier et ses pavillons Baltard comme personne. Seul ou accompagné, avec un autre Robert, Giraud par exemple, qui lui dédicacera « Le vin des rues » en 1955. Ou Prévert. Ce monde de petits métiers, des travailleurs, de café, des travestis, des sans travail, Doisneau en est l’acteur et le témoin. C’est autant de visages que de matins qui sont levés près de Saint Eustache que le « Doisneau des Halles » a fixé sur ses pellicules avant que fut détruit « Le cœur de Paris », resté longtemps « le trou » du centre de Paris.
» J’y avais beaucoup d’amis, dans cette sorte de village j’étais photographe inoffensif considéré comme un doux maniaque, aussi je ne peux rien comprendre aux conceptions des technocrates imbibés de géométrie. (…) Tout ceci va diamétralement à l’inverse de ce que je venais chercher dans les nuits des Halles, j’y trouvais l’image même. (…)
L’église du village, Saint Eustache elle-même, était un mélange de styles et de parfums.(…) Et autour, une curieuse humanité dans une lumière de fête foraine, des rupins et des clochards, des chauffeurs routiers et des tireurs de diable, des bouchers et des clientes de Dior, des maraichers et des poivrots. Tout ce monde se disait « tu » et surtout flottaient une grosse gaîté et une bonne volonté, valeurs dont ne tiennent pas compte les ordinateurs électronique.(…)paris perd son ventre et un peu son esprit. Je me moque du noctambule qui n’y trouvera plus le bain de fraîcheur après les plaisirs frelatés de la nuit mais je pense à l’homme à la dérive, sans amis dans la ville endormie où les téléphones sont muets, il accostait aux Halles, un peu de chance, il y trouvait de quoi vivre ; un peu de chance encore, il était adopté. Ceci n’est pas une légende unique mais une histoire répétée cent fois en confidences de bistrot » Propos de Robert Doisneau, extraits de la préface du catalogue d’exposition.
C’est ce monde que nous présente l’exposition « Doisneau, Paris des Halles » et ses 208 photographies, la plupart « vintage » dont la première fut prise en 1933.
- Un Web Documentaire « Le destin des Halles de Paris » de Vladimir Vasak qui nous entraîne sur les traces de Robert Doisneau et sur l’histoire de ce patrimoine architectural et de sa vie battante. Une partie est à découvrir dans l’exposition.
Le documentaire est à apprécier ICI.
Redirection vers l’exposition (virtuelle pour le coup) »Doisneau, Paris en liberté » de fin 2006, où nous entendons le photographe nous parler de de son art.
EXPOSITION GRATUITE À L’HÔTEL DE VILLE
DU 8 FÉVRIER AU 28 AVRIL 2012
OUVERT TOUS LES JOURS
SAUF DIMANCHES ET JOURS FÉRIÉS DE 10 H À 19 H
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