En
1913 à l’âge de 72 ans, Pierre-Auguste Renoir estime qu’il “commence à
savoir peindre”.
Ce “dernier Renoir”, aujourd’hui peu connu et souvent
mal aimé, à l’inverse de l’admiration qu’il suscitait chez les jeunes de
son temps, était exposé du 23 septembre au 4 janvier 2010, et remis à l’honneur au Grand Palais à Paris.
Une centaine de tableaux dont certains rarement exposés, des photographies inédites, des sculptures, le tout datant des trente dernières années de la vie de l’artiste, permettent de faire redécouvrir cet autre Renoir, qui nait au tournant des XIXe et XXe siècle, dit Mme Patry.
Considéré avec Cézanne comme le père de l’art moderne, il fut admiré par Matisse, Bonnard, Picasso ou Maillol, dont certaines oeuvres lui sont confrontées dans le parcours de l’exposition.
Les premières oeuvres présentées datent des années 1890, qui prolongent une “période de crise” où Renoir s’éloigne de l’impressionnisme, revient au dessin, au travail en atelier.
Le tableau “Jeunes filles au piano” – la blonde de profil joue, la brune, penchée, lit la partition – qui ouvre l’exposition, fut le premier Renoir à entrer dans un musée en 1892.
“C’est aujourd’hui le prototype de l’illustration pour boîte de chocolats”, sourit Sylvie Patry. En son temps, il fallut pourtant toute l’influence du poète Mallarmé pour la faire accepter par l’Etat, dit-elle, le “côté strident, acide des couleurs, dérangeait”.
Ironie de l’histoire, Renoir est alors reconnu comme un maître de l’impressionnisme à un moment “où il propose quelque chose de complètement différent”, dit-elle.
Renoir ne travaille plus que sur un nombre restreint de thèmes, mais qu’il approfondit, par séries. Le parcours, chronologique et thématique, évoque ainsi tout à tour les portraits de famille, les études de nus, les études de modèles cousant ou lisant, les paysages méditerranéens.
Il “retourne à la forme, à qui il donne un caractère sculptural. Il abandonne progressivement le sujet de la vie moderne, cher aux impressionnistes, pour évoquer un monde intemporel, une sorte de Grèce réinventée dans le sud de la France” où il vit souvent, dit la commissaire.
L’artiste se met également à la sculpture, sur le tard, à l’âge de 60 ans. Mais atteint de polyarthrite rhumatoïde, il ne peut modeler, dit Emmanuelle Héran, commissaire pour les sculptures de l’exposition, rarement vues.
Le peintre s’associe à un sculpteur catalan, Richard Guino, pour réaliser des pièces aujourd’hui signées des noms des deux artistes. Les femmes ont la charpente solide des modèles peints, le bras et le visage rond, le geste empreint de dignité de la sculpture classique.
Dans ses “grandes baigneuses”, son dernier nu (1918-1919), il “fait la somme de toutes ses admirations”, dit Mme Patry, Ingres, Titien, Raphaël.
http://www.telerama.fr/livre/sempe-mes-personnages-ne-sont-pas-minuscules-c-est-le-monde-qui-est-grand,40097.php
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