samedi 17 mars 2012

Les noces de Cana


"Le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples. Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit" Ils n'ont pas de vin". Jésus lui dit " Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore venue. " Sa mère dit aux serviteurs : "Faites ce qu'il vous dira".

Or il y avait là six jarres de pierre, pour les purifications des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : "Remplissez d'eau ces jarres". Ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : " Puisez maintenant et portez-en au maître d'hôtel. " Ils lui en portèrent. Quand le maître d'hôtel eut goûté l'eau devenue du vin - il en ignorait la provenance, mais les serveurs la savaient, eux qui avait puisé l'eau - il appelle le marié et lui dit : "Tout le monde sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, alors le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent ." Tel fut le commencement des signes de Jésus ; c'était à Cana de galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui". (Evangile selon Saint Jean, 2,1-11).

Cette gigantesque composition sera commandée dans le cadre d'une reconstruction du couvent des bénédictins de San Giorgio Maggiore à Venise (en face du palais des Doges), cercle intellectuel disposant d'importants moyens financiers. Destiné au réfectoire, il surplombera la chaire d'où l'abbé faisait la lecture pendant le repas, d'où sans doute le thème du banquet. L'artiste utilisera la toile comme support, le haut degré de salinité de Venise étant incompatible avec les fresques, qu'il peindra entre le 6 juin 1562, date à laquelle le contrat sera passé, et le 6 octobre 1563, jour où le peintre signera le reçu de ses honoraires.

Le décor, placé au dessus d'une terrasse surplombée par une balustrade et une esplanade, alterne plusieurs types architecturaux: colonnes doriques, puis corinthiennes, enfin composites. La tour à plan carré brise la symétrie. Les nombreux points de fuite permettent éviter la sensation d'éloignement engendrée par une ligne unique. La balustrade, qui correspond à la ligne médiane du tableau, marque la séparation entre les régimes céleste et terrestre. On y découpe l'agneau, symbole du sacrifice du Christ. Une gourde est suspendue sous l'animal, pour recueillir le sang.

La mise en scène semble inspiré par l'Arétin, auteur des Quatre livres de l'humanité du Christ en 1535. Ce dernier mentionne un grand nombre de convives aux noces de Cana, alors que cette précision ne figure pas dans le texte de saint Jean. Véronèse représentera ainsi 132 convives. Saint Pierre et la Vierge sont assis à la droite du Christ. Cette dernière porte un voile noir qui préfigure la Passion. Sa main, qui dessine le contour d'un verre absent, illustre la phrase " Ils n'ont pas de vin ". Pierre, le doigt levé, rappelle son rôle de fondateur de l'Eglise. Contrairement aux autres convives, ces personnages sont vêtus à l'antique. Le bénédictin placé à l'angle droit de la table, est postérieur à l'achèvement du tableau. Il pourrait s'agir d'un nouvel abbé au monastère. Les hommes d'Eglise n'appartenant pas à un ordre régulier sont généralement placés à la droite du Christ, les laïcs à gauche. Les femmes sont coiffées manière identique, à l'exception de la mariée qui porte une petite couronne. Certains hommes portent des vêtements orientaux.


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