mardi 16 octobre 2012

Rétrospective des oeuvres de Soutine "l'ordre du chaos" - musée de l'Orangerie



Le musée de l'Orangerie propose jusqu'au 21 janvier 2013 une exposition, qui embrasse l’ensemble de la carrière du peintre russe Chaïm Soutine (1893-1943) dans la France de l’Entre-deux-guerres.  

" On imagine que Soutine déforme pour déformer, par une sorte de perversion qui cherche à étonner, sinon à indigner le spectacteur. Or il souffre devant ces toiles trop informes où son merveilleux universtitube comme à l'intérieur de lui-même."  Elie Faure

Cette exposition est l'occasion de redécouvrir un peintre longtemps considéré comme insaisissable, faisant fi de toute règle de perspective ou de composition dans ses œuvres inclassables, quelque peu étranges ou dérangeantes.

Notre regard sur son œuvre est-elle encore controversée ?
Madelaine Castaing
A vingt ans, il débarque à Paris et s’installe à la Ruche. Il va connaître la misère des jeunes artistes, vivant de petits boulots, et se passionner pour les maîtres au Louvre.

Si les débuts de Soutine à Paris en 1913 sont difficiles, son ascension est fulgurante et marque un tournant dans la peinture de l'entre-deux guerres. 


Confrontés à tant de difformités et d’incongruité, critiques et spectateurs se retranchaient derrière l’enfance misérable, l’exil, la maladie, la mort précoce qui ont frappé l’artiste à de nombreuses reprises, comme pour y trouver un peu de vie face à tant de laideur. 
                                                                                          
Si la force d’expression et la charge émotive des toiles grâce à sa gamme chromatique vive et contrastée n’ont rien perdu de leur intensité, le recul devrait pourtant permettre aujourd’hui d’inscrire la quête picturale de Soutine dans une histoire de l’art moderne, pour tenter de dégager les résonances de cette trajectoire singulière avec celles d’autres figures qui lui ont emboîté le pas dans des voies parallèles. 

En dérangeant quelque peu l’ordre établi, la rétrospective proposée au musée de l'orangerie « Chaïm Soutine, l’ordre du chaos » présentent des paysages de tourmente, des fleurs convulsives, des portraits où la mesure et la démence luttent et s'équilibrent. 
Les paysages

  L'arbre couché
A partir de 1919, Soutine séjourne dans le sud de la France de Céret à cagnes, peignant des villages aux maisons serrées aux ruelles escarpées, nichées au cœur d'une végétation dense. 
Tout est comme balayé par une tempête : maisons, arbres et personnages tanguent et se déforment. Il capte les états successifs et changeants d'un même lieu et l'aspect éphémère du moment.
Les arbres occupent une place primordiale dans la composition, structurant l'espace et devenant le sujet principal du tableau.



Le tableau ci dessus L'arbre couché occulte les maisons et se déploie en un énorme bouquet agité par le vent.

Petits focus sur les portraits réalisés, mes tableaux préférés

Dans les portraits qu'il réalise de ses proches, la pose est classique, souvent de toiles découvertes par Soutine lors de ses visites au Louvre.

A travers ses œuvres comme caricaturés transparaissent une extrême sensibilité (mélancolie), une véritable passion pour les personnages traités, ainsi qu'une réelle empathie, voire une affection pour ses modèles

Les sujets sont souvent étirés, déformés parfois à outrance, mais s'attachent à individualiser les traits et l'expression jusqu'à en sonder la psychologie.

 La femme en rouge
Assis sans un fauteuil au dossier et accoudoirs chantournés, sur un fond vert, le corps désarticulé d’une femme suit les courbes du siège. 
Ses mains noueuses et surdimensionnées, faites de touches épaisses et mouvementées, sont traitées comme les cous ou les pattes de ses volailles. 
Le visage, surmonté d’un chapeau improbable, affiche un sourire niais et annonce les déformations psychologiques des idiots de village, de folles, vieillards séniles qu’il n’a cessé de peindre à la même période. 
La couleur rouge domine – couleur qu’il affectionne dans ses portraits – et crée une sorte de chaos où lignes et volumes se confondent. 
Par son expressivité et son matiérisme (courant pictural abstrait), l’artiste traduit une vision tragique de l’humanité, qu’il partage avec ses maîtres (admirés) que sont Rembrandt et Goya.
 Le grand enfant de choeur                                            




Soutine observe des personnages qu'il croise, gens du métier ou anonymes. 
Ses portraits s'approchent de la caricature, mais les visages déformés demeurent cependant très expressifs.
Ils dévoilent  un sentiment éprouvé par le modèle, comme la mélancolie, la gaieté ou la tristesse.
Soutine exagère volontairement les traits physiques marquants (long nez, oreille immense, joues rondes...)

Le garçon d'étage (cf peinture), regard appuyé, mains sur les hanches présente des bras démesurés qui en une courbe noire échappent au cadre.

Les enfants de choeur avalés par leurs aubes blanches posent à la façon d'un portrait officiel.Soutine les représente à la fois avec tendresse, humour et sincérité.

La série des Petits Patissiers assurera à Soutine une renommée internationale en séduisant un milliardaire américain.

Les séries

L'attachement de Soutine à certains thèmes le conduit à travailler par série. Ce travail a le mérite d’attirer l’attention sur le recours à la sérialité (le fait de réaliser des séries) comme méthode d’investigation approfondie autour d’un même thème.

La répétition des thématiques aide à comprendre le travail acharné, approfondi d'un homme déterminé à saisir le détail pour atteindre la perfection.

                                  

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