Les
peintres, désireux de traduire l’esprit de leur temps, ont beaucoup observé
l’habillement de leurs contemporains. Se faisant
les témoins de leur époque, ils ont représenté les femmes, notamment,
traduisant une certaine élégance parisienne.
Soucieux de rendre compte de la vie contemporaine, l'impressionnisme représente l'homme moderne dans son milieu quotidien et ses activités habituelles, à la ville
comme à la campagne.
Bien qu'ils ne s'attachent pas à la représentation scrupuleuse de la physionomie, du costume et de l'habit, les impressionnistes n'en rendent pas moins compte des modes et des attitudes de leur temps.
Bien qu'ils ne s'attachent pas à la représentation scrupuleuse de la physionomie, du costume et de l'habit, les impressionnistes n'en rendent pas moins compte des modes et des attitudes de leur temps.
L’exposition du Musée d’Orsay se penche sur cet aspect très particulier
de la peinture impressionniste associé à la mode. A côté de leurs peintures, le
musée expose des vêtements et accessoires d’époque, prêtés par le musée
Galliera de la mode. Une quarantaine de tenues de la période 1860-1885
qui ont été nettoyées et restaurées pour l’occasion.
C’est l’époque où naît la mode, où les revues spécialisées se
développent, tout comme les grands magasins qu’a décrits Zola dans « Au
Bonheur des dames ».
Au bonheur des dames, illustrent la frénésie de froufrous, les exigences des clientes, les premières idées de "marketing" pour convaincre les clientes des classes plus modestes de copier les tenues bourgeoises. L'exposition nous place dans ce contexte parisien : la mode, le nouveau Paris, la condition de la femme, la parisienne.
Les grands magasins
proposent des toilettes élégantes, des robes de grande qualité et des chapeaux
cherchant à rivaliser avec les meilleurs faiseurs de Paris.
2 mars 1884 –
Inauguration des grands magasins du Printemps
"C’était la
cathédrale du commerce moderne...Toute une émotion fermentait dans les boutiques
du voisinage ; et l'on voyait, contre les vitres, les faces pâles des
petits commerçants, occupés à compter les premières voitures, qui s'arrêtaient
devant la nouvelle porte d'honneur.
Mouret avait l'unique passion de vaincre la femme. Il la
voulait reine dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l'y tenir à sa
merci." Emile Zola – Au
Bonheur des Dames 1883
Suivent des gravures de mode et une galerie de robes qui permet
d’apprécier la qualité des tissus et du travail : des soies ou des
cotons tombant sur des crinolines dans un luxe de fronces et de plis.
Plus loin, on verra une collection de chapeaux, des ombrelles, des
souliers de satin assortis, de la lingerie.
A la fin du XIXe siècle, sous leurs robes, les élégantes Parisiennes
empilaient en effet une chemise, un corset qui étranglait la taille pour
faire ressortir la poitrine, un corsage, une culotte, un jupon.
"Le peintre moderne...
est un excellent couturier." Joris-Karl Huysmans, 1876
Robe du XIXè tout droit sortie
d'un tableau
Édouard
Manet (1832-1883) - La Parisienne - 1875
Cette oeuvre d'Edouard Manet présente Madame Bartholomé dans une serre avec une robe saillante. Cette robe a été créée à partir de l’œuvre d'Albert Bartholomé.
Albert Bartholomé (1848-1928)- Madame Bartholomé dans la serre - 1881
Edouard Manet -
Le balcon avec Berthe Morisot et Eugène Manet son mari, le frère de l'artiste
L’été, ce sont des robes de mousseline blanche que les jeunes femmes
déploient dans les jardins. Berthe Morisot a particulièrement bien rendu
leurs transparences et leur lumière.
Renoir et Manet ont merveilleusement traduit les transparences des
manches qui laissent apparaître la chair, le mouvement des silhouettes
dans les étoffes, les empilements de plis. Ils rendent compte des modes
et des attitudes des Parisiennes dans leur environnement quotidien. A la
maison, au jardin, au théâtre...
Pierre-Auguste
Renoir (1841-1919)
Portrait de Madame Charpentier et de ses enfants, 1878
Portrait de Madame Charpentier et de ses enfants, 1878
Le noir est déjà à la mode. Madame Charpentier, assise dans son salon,
laisse traîner une longue robe noire par terre. Tout est matière dans ce
tableau, les tissus, les tapis, la peau blanche des enfants aux boucles
rousses, le pelage du gros chien sur lequel l’un des deux est assis.
Edouard Manet, Portrait de Nina de Callias dit la Dame aux éventails, 1873
Son modèle est Nina de Callias, une femme
fantasque, alternativement exaltée et neurasthénique, d'un tempérament
névrotique que l'alcool conduit bientôt à la folie et à une mort
prématurée à trente-neuf ans. A
l'époque de ce portrait, Nina est âgée d'à peine 30 ans et tient un
des salons littéraires et artistiques les plus brillants de Paris. Elle
pose dans un de ses costumes "à l'algérienne" qu'elle aime porter pour
recevoir.
Le choix des éventails permet
d'évoquer le bric-à-brac japonisant du petit hôtel particulier qu'habite
le modèle.
En soirée
Pierre-Auguste Renoir
Jeune femme à la voilette, 1870
Jeune femme à la voilette, 1870
Pierre-Auguste Renoir,
Danse à la ville, 1883 & Danse à Bougival
Représentée
par les impressionnistes, sous l’appellation de “La Parisienne”, elle
transcende les origines sociales. Grande bourgeoise ou simple vendeuse,
cousette ou demi-mondaine, “La Parisienne” devient un sujet de
prédilection pour les peintres, férus de modernité, et fait rêver le
monde entier.
Pierre Auguste Renoir, La loge,1874
Jean Béraud - Une soirée 1878
Mais
derrière la poésie, il y a aussi l'exigence pour les femmes de l'époque
de toujours être en tenue, jamais en cheveux. Au moins sept tenues pour
une journée, pour la promenade, pour recevoir, être vue et se montrer,
et des corsets qui enserrent la taille. Mais la mode évolue vite et le
confort devient également une exigence, comme dans les tenues d'été en
lin qui permettent de se mouvoir et de relever ses jupes.
Jean Béraud - Une soirée 1878
"La femme est sans doute une lumière, un regard,
une invitation au bonheur, une parole quelquefois; mais elle est
surtout une harmonie générale, non seulement dans son allure et le
mouvement des ses membres, mais aussi dans les mousselines, les gazes,
les vastes et chatoyantes nuées d’étoffes dont elle s’enveloppe, et qui
sont comme les attributs et le piédestal de sa divinité."
Charles Baudelaire Le peintre de la vie moderne, Curiosités esthétiques - 1868.
Edouard Manet
Madame Louis Joackim Gaudibert - 1868
Gustave Caillebotte (1848-1870)
Rue de Paris, jour de pluie, 1877
Mode en plein air
Pour les
Impressionnistes, les loisirs de plein air sont étroitement liés au monde de la mode. Toutes les occasions sont bonnes en effet pour
montrer sa toilette élégante.
Claude Monet (1840 - 1926)
Le déjeuner sur l'herbe, 1865 – 1866
Le déjeuner sur l'herbe, 1865 – 1866
Scène de bonheur
La jeune femme de La balançoire porte une élégante mousseline
blanche agrémentée de noeuds et de rubans bleus. La toilette est simple et
indique un changement dans les tenues féminines.
Les hommes, quant à eux, toujours en costumes sombres, permettent les jeux de lumière.
Les hommes, quant à eux, toujours en costumes sombres, permettent les jeux de lumière.
Pierre-Auguste
Renoir, La balançoire
Pierre-Auguste
Renoir, Lise, la femme à l'ombrelle
Sa femme Lise en mousseline blanche
Sa femme Lise en mousseline blanche
Autrement
dit, les peintres firent de la mode un symbole de modernité. C’est l’époque du
nouveau Paris de Napoléon III et d’Haussmann, qui voit l’émergence d’une classe
bourgeoise et le développement des grands magasins.
L'exposition ira ensuite au Metropolitan puis à l’Art Institute de Chicago, qui ont
collaboré avec le musée parisien et prêté des toiles prestigieuses.
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