Lettre d’Auguste Rodin à Camille Claudel (1886)
D’Auguste Rodin, né le 12 novembre 1840, qu’a retenu la postérité ? Son œuvre monumentale, la porte de l’Enfer, le Baiser, le Rodin balzacien ou son idylle tragique et sublime avec Camille Claudel. De cette relation passionnée et déchirante, qui conduira la jeune femme à la folie, l’asile et la mort, le maître exprime dans cette lettre la fureur et la violence d’un amour dévorant.
Ma féroce amie,
Ma pauvre tête est bien malade, et je ne puis plus me lever le matin. Ce soir, j'ai parcouru (des heures) sans te trouver nos endroits. que la mort me serait douce ! et comme mon agonie est longue. Pourquoi ne m'as-tu pas attendu à l'atelier. où vas-tu ? à quel douleur, j'étais destiné. J'ai des moments d'amnésie où je souffre moins, mais aujourd'hui, l'implacable douleur reste. Camille ma bien aimée malgré tout, malgré la folie que je sens venir et qui sera votre œuvre, si cela continue. Pourquoi ne me crois-tu pas ? J'abandonne mon Salon la sculpture ; Si je pouvais aller n'importe où, un pays où j'oublierai, mais il n'y en a pas. Il y a des moments où franchement je crois que je t'oublierai. Mais en un seul instant, je sens ta terrible puissance. Aye pitié méchante. Je n'en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l'atroce folie. C'est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t'aime avec fureur.
Ma Camille sois assurée que je n'ai aucune femme en amitié, et toute mon âme t'appartient.
Je ne puis te convaincre et mes raisons sont impuissantes. Ma souffrance tu n'y crois pas, je pleure et tu en doute. Je ne ris plus depuis longtemps, je ne chante plus, tout m'est insipide et indifférent. Je suis déjà mort et je ne comprends plus le mal que je me suis donné pour des choses qui me sont si indifférentes maintenant. Laisse-moi te voir tous les jours, ce sera une bonne action et peut-être qu'il m'arrivera un peu mieux, car toi seule peut me sauver par ta générosité.
Ne laisse pas prendrai à la hideuse et lente maladie mon intelligence, l'amour ardent et si pur que j'ai pour toi enfin pitié ma chérie, et toi-même en sera récompensée.
Rodin
Je t'embrasse les mains mon amie, toi qui me donne des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi, mon âme existe avec force et, dans sa fureur d'amour, ton respect est toujours au dessus. Le respect que j'ai pour ton caractère, pour toi ma Camille est une cause de ma violente passion. ne me traite pas impitoyablement je te demande si peu.
Ne me menace pas et laisse toi voir que ta main si douce marque ta bonté pour moi et que quelques fois laisse là, que je la baise dans mes transports.
Je ne regrette rien. Ni le dénouement qui me paraît funèbre, ma vie sera tombée dans un gouffre. Mais mon âme a eu sa floraison, tardive hélas. Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci car c'est à toi que je dois toute la part de ciel que j'ai eue dans ma vie.
Tes chères mains laisse les sur ma figure, que ma chair soit heureuse que mon cœur sente encore ton divin amour se répandre à nouveau. Dans quelle ivresse je vis quand je suis auprès de toi. Auprès de toi quand je pense que j'ai encore ce bonheur, et je me plains. et dans ma lâcheté, je crois que j'ai fini d'être malheureux que je suis au bout. Non tant qu'il y aura un peu d'espérance si peu une goutte il faut que j'en profite la nuit, plus tard, la nuit après.
Ta main Camille, pas celle qui se retire, pas de bonheur à le toucher si elle ne m'est le gage d'un peu de ta tendresse.
Ah! divine beauté, fleur qui parle, et qui aime, fleur intelligente, ma chérie. Ma très bonne, à deux genoux, devant ton beau corps que j'étreins.
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